L’ASF et le GdR RSD organisent la 6ème édition de l’école d’hiver au Pleynet, Sept Laux du 24 au 28 janvier 2020.
L’ASF et le GdR RSD organisent la 6ème édition de l’école d’hiver au Pleynet, Sept Laux du 24 au 28 janvier 2020.
Il s’agit de « J-NVM: Off-heap Persistent Objects in Java » par Anatole Lefort et al. de l’équipe de SAMOVAR, dirigée par Gaël Thomas à Télécom SudParis (TSP). Le papier porte sur l’intégration de la mémoire persistante avec un langage de programmation de haut niveau. Cela pose en particulier le problème du ramasse-miettes (RM); les solutions existantes sont, soit transparentes mais d’une grande lourdeur, soit explicites mais mal intégrées. La nouvelle approche de Lefort et al. utilise des objets mandataires, afin que les objets persistants échappent au RM tout en s’intégrant de façon transparente. C’est une solution légère et élégante, et de plus efficace, comme le montrent les résultats expérimentaux.
SOSP est LA conférence phare de la communauté système internationale. C’est à SOSP qu’ont été introduites les grandes innovations marquantes en systèmes qui sont à la base de toutes les architectures modernes. Dans un décompte rapide des numéros précédents, nous retrouvons 24 papiers écrits par des lauréats du Prix Turing. La conférence n’a lieu que tous les deux ans. Il s’agit du canal de publication le plus prestigieux en systèmes, sans sessions parallèles. Une publication à SOSP exige, à la fois créativité, mise en œuvre réelle et expérimentation, et rigueur dans l’écriture. Devant sa haute sélectivité, il y a une forte auto-censure à la soumission.
Le succès du groupe de Gaël Thomas est d’autant plus remarquable que la conférence est complètement trustée par les grandes universités américaines (et plus récemment asiatiques). Les papiers européens sont très rares, en provenance généralement des EPFL, ETHZ, Cambridge ou Microsoft Research. À notre connaissance, et si l’on exclut le collaborateur français occasionnel, il n’y a eu précédemment que deux papiers français depuis la création de SOSP en 1967: Bétourné et al. en 1969, Abrossimov et al. en 1989.
La communauté informatique française toute entière doit féliciter les auteurs à la hauteur de l’exploit.
J-NVM: Off-heap Persistent Objects in Java
Java est un langage communément utilisé par les acteurs majeurs de l’internet pour mettre en œuvre des bases de données larges échelles et des grands systèmes d’analyse de données (Cassandra, Infinispan, Spark, Hadoop, Kafka, Flink, HBase etc.). Comme l’un des principaux goulots d’étranglement de ces systèmes est la vitesse d’accès au support de stockage, il est essentiel qu’ils puissent utiliser efficacement les mémoires persistantes : des supports de stockages quasiment aussi rapide que les mémoires volatiles et de l’ordre de 1000 fois plus rapides que les disques SATA SSD. Malheureusement, utiliser efficacement les mémoires persistantes en Java est difficile. Java, comme de nombreux langages de haut niveau, gère automatiquement la libération de la mémoire avec un ramasse-miettes, et les algorithmes actuels sont totalement incapables de passer à l’échelle de ces mémoires avec leur 128GB à 1TB d’espace.
Dans leur travail, Lefort et al. proposent de revisiter la façon de concevoir les objets Java à l’ère des mémoires persistantes. Ils proposent un principe de découplage qui consiste à séparer la structure de données d’un objet persistant de l’objet volatile qui le représente dans le langage Java. À l’aide de ce principe de découplage, ils peuvent accéder à la mémoire persistante quasi à vitesse native tout en évitant d’augmenter la pression sur le ramasse-miettes puisque les structures de données sont stockées en dehors de la mémoire Java.
À partir de ce principe de découpage, Lefort et al. propose J-NVM, un système complet constitué d’un moteur d’exécution offrant des abstractions simples pour le programmeur, de bibliothèques offrant des structures de données classiques persistantes, et d’un générateur de code permettant de séparer automatiquement les structures de données des objets qui les représentent. L’évaluation de leur système avec la base de donnée Infinispan, avec le banc d’essai TPC-B et avec des micro-évaluations montrent que J-NVM, comparé aux meilleures solutions de l’état de l’art, multiplie par au moins 10 les performances dans la plupart des cas, et que J-NVM permet d’accéder à la mémoire persistante avec des vitesses proches de la mémoire volatile (seulement 50% de ralentissement).
Pour plus de détails, la vidéo de la présentation à SOSP est disponible en ligne et l’article disponible sur le site de l’ACM.
La conférence système française Compas 2021 aura lieu du 6 au 9 juillet 2021 en distanciel.
Lauréats des prix de chercheurs Junior/Sénior du GDR RSD et ASF - Édition 2021
Le GDR RSD est heureux d’annoncer les lauréats de la mise en lumière de chercheurs junior et sénior pour l’année 2021.
Dans la catégorie Junior :
Le jury a sélectionné Razvan Stanica et Alain Tchana comme co-lauréats du prix du meilleur chercheur 2021 du GDR RSD dans la catégorie junior. Les deux candidats ont fait un travail exceptionnel, avec de nombreuses publications dans des conférences ou journaux de premier plan, une influence dans leur domaine comme en témoigne le nombre de citations de leurs travaux, une expérience établie de direction de recherche et d’animation scientifique et de fructueuses collaborations avec le monde universitaire et l’industrie.
Razvan Stanica a d’abord contribué au domaine des réseaux véhiculaires avant d’élargir ses thématiques de recherche aux stratégies de collecte de données des réseaux mobiles, à leur analyse pour caractériser les usages aussi bien que les performances et enfin aux architectures et protocoles réseaux en proposant une approche innovante de convergence du réseau d’accès et du réseau coeur. L’impact de son travail est reflété par un grand nombre de citations et par son leadership dans six projets de recherche, avec des partenaires académiques et industriels, dont un JCJC de l’ANR, qui débutera en 2021.
Les travaux d’Alain Tchana relèvent des systèmes de virtualisation où il s’est intéressé à des solutions, initialement au niveau du middleware puis du système d’exploitation, pour apporter des contributions couvrant un large spectre, incluant l’économie d’énergie, l’accroissement des performances en termes d’ordonnancement et de gestion mémoire, ou encore la sûreté de fonctionnement. Il a déjà réussi à transmettre sa passion pour la recherche sur les systèmes à la prochaine génération car cinq de ses sept doctorants diplômés ont déjà obtenu des postes de recherche et d’enseignement universitaires.
Nous sommes honorés d’avoir l’opportunité de pouvoir reconnaître les réalisations exceptionnelles de ces deux jeunes chercheurs.
Jury: Julia Lawall et Xavier Lagrange (co-presidents), Hind Castel, Alexandru Costan, Frédéric Giroire, Valérie Issarny, Sebastien Monnet, Thi-Mai-Trang Nguyen, Dimitri Papadimitriou.
Dans la catégorie Sénior :
Le jury a sélectionné Gilles Muller comme lauréat du prix 2021 du meilleur chercheur du GDR RSD dans la catégorie senior.
Le jury a apprécié l’apport sur le plan scientifique et technologique de Gilles Muller dans les domaines des systèmes distribués. Gilles Muller publie des contributions majeures dans la communauté système sur la scène européenne et internationale. Il a une forte implication dans l’animation scientifique, a encadré de nombreux doctorants et accompagné plusieurs chercheurs tout au long de sa carrière. Il a ainsi contribué à l’émergence de la discipline en France et au rayonnement de celle-ci à un niveau international.
Jury: Xavier Lagrange (president), Hind Castel, Alexandru Costan, Frédéric, Giroire, Sebastien Monnet, Thi-Mai-Trang Nguyen, Dimitri Papadimitriou, Romain Rouvoy, Patricia Stolf.